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Le Petit Bazar de Betsileo
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11 janvier 2009

LANDLORD # 57

horloge
VITE , VITE , C'EST L'HEURE DE MON FEUILLETON !!
LORDLAND_INTRO
56. Davy Crockett, l’homme qui n’a jamais...

Il ouvrit la porte, ce qu’il vit dans sa chambre ne l’incita pas à s’attarder, c’était
rougeâtre et palpitant avec des choses très laides. MacForthy avait visiblement convié
quelques spectres encore plus morcelés que lui à une cérémonie dont il préférait
ignorer les détails. Il prit le corps inerte sous les aisselles, le tira dans la salle de bain et
referma la porte. Haletant, il étendit la jeune femme sur le dos et osa enfin la regarder
pour voir où elle avait été atteinte par son tir prématuré. Son seul espoir était que,
ayant tiré sans vraiment viser, il n’avait touché aucun endroit vital. Le destin ne
pouvait pas lui avoir fait tuer sa seule alliée.

Le corps portait pantalons et bottes de cheval, ainsi qu’un T-shirt marqué
wild wild horses, des cheveux auburn et du 85b, mais aucune trace de sang. En
frissonnant, il écarta les mèches pour découvrir le visage d’Annie Beaudit, il lui
sembla reconnaître une des chambrières. Avec fièvre, il la retourna en tout sens à la
recherche d’un trou de balle qu’il ne devait heureusement jamais trouver.
L’odeur du crottin raviva ses souvenirs. C’était B... Ba... Be...Bi...
Bridge...Bridget, celle qui s’occupait des chevaux et qui devait passer le voir, ou bien
était-ce Billie ?! Elle paraissait intacte. L’espoir lui redonna quelques forces, il souleva
délicatement la tête de sa victime et prit dans le panier une bouteille du whisky du
révérend. Il fit couler quelques gouttes sur les lèvres framboises. Le cordial fit
immédiatement effet et Bridget hoqueta, puis toussa. Il lui tapota les joues qui
reprirent quelques couleurs. Le fait que ce soit Bridget n’impliquait pas
obligatoirement que ce ne soit pas aussi Annie Beaudit. Il fallait voir, ou plutôt
entendre. Elle ouvrit enfin les yeux, ils étaient gris-bleu, avec une petite auréole dorée
autour des pupilles. Elle le regarda et murmura d’une voix écorchée :
“ Davy...”.
Elle délirait. Il lui plaça un oreiller sous la tête et l’enveloppa d’un plaid. Il prit
une rasade de whisky pour se donner du courage. Bridget lui fit signe qu’elle en
voulait encore, elle saisit la bouteille et prit trois gorgées. L’effet ne se fit pas attendre,
elle s’assit pour reprendre son souffle, Thomas lui tapota gentiment le dos et elle se
calma. Puis elle le regarda. Elle s’écria :

“ Remember the Alamo !” en éclatant de rire. Il ne put lui
reprendre la bouteille, c’est en se redressant pour atteindre le panier qu’il vit dans la
glace la cause de l’hilarité de Bridget. Il ôta son bonnet de raton laveur, soulagé que le
corps l’instant d’avant sans vie puisse rire à présent.

— Vous m’avez tiré dessus, j’ai eu si peur !

— J’aurais pu vous tuer ! J’avais pourtant donné l’ordre à Astrapi de prévenir tout le
monde que ma chambre était interdite, sous peine de mort !

— Aetherlith ? Mais je ne l’ai pas vu ! J’ai juste reçu un pigeon m’informant que vous
vouliez me voir. Nous étions en opération à l’autre bout du château avec Miss
MacBeal, secteur 3.22BZ68, ou 69. Je suis arrivée trop tard à la piscine, puis je vous
ai manqué dans le grand salon, et dans le bureau, vous tournez un western ?

— Vous parlez le français avec un petit accent... québécois ?

— Eh bien ! Merci ! Quand même pas ! Je fais mes études en Suisse, dans la meilleure
école hôtelière de Genève, Ca s’entend tant que ça ?

— Non, non, c’est juste que je suis très sensible aux accents. Vous n’avez rien
remarqué de particulier en traversant ma chambre ?

—Oh, vous savez j’ai frappé ! Fort ! A me meurtrir les poings ! La porte s’est ouverte
toute seule, alors comme j’ai vu la lumière à la porte de la salle de bain, je me suis
permis d’entrer. J’ai mal fait ? Il est fort ce whisky, mais il est bon.

— Et dans ma chambre vous n’avez rien vu d’étrange ?

— Ben non, j’aurais dû ?

La rousse jeune fille regarda autour d’elle. Ce n’était pas du tout la voix
d’Annie Beaudit. Son regard s’attarda sur la panoplie de Thomas, et ses bouteilles.
Devait-il s’expliquer ? Il décida que non, il était le Landlord et avait d’autres chevaux
à fouetter.

— Merci de vous être occupée de mes écuries. Pensez-vous pouvoir continuer ? Vous
seriez bien entendu déchargée du temps nécessaire, combien y en a-t-il ?

— De chevaux ? Cinquante-huit.

Un violent coup de hache ébranla la porte. Thomas tressaillit, mais Bridget
semblait n’avoir rien entendu.

— Vous avez l’air surpris ?

— Un peu, vous n’avez pas entendu du bruit à la porte ?

— Non, je croyais que personne ne devait venir ?

— Cinquante-huit ? C’est beaucoup, non ? Et vous vous en sortez seule ?

— Ben non, Il faudrait être plusieurs, au moins 6, peut-être 10. Vous savez Glaymore
est un hara réputé, avec des chevaux, waouahhh !! Sir Lawrence avait renvoyé tout le
monde. Depuis, avec quelques gars on se débrouille.

— Des gars.

— Ben oui des gars de l’île.

La porte était à présent secouée comme si un gorille voulait éprouver la solidité
des gonds.

—De l’île...

— Je sais, Sir Lawrence était contre, mais après sa... disparition, l’avocat a dit de se
débrouiller avec les moyens du bord. Vous faites quoi ?

— Je réarme cette mitrailleuse, et ils sont bons en bourrins les gars de l’île?

— Super. Il faudrait juste quelqu’un pour gérer tout.

— Ce n’est pas ce que vous faites ?

— Ben si, mais... je fais juste ça parce que j’aime les chevaux et que j’ai grandi avec
eux.

Une voix se mit à suinter des murs avec les intonations rauques et métalliques
d’un crochet de fer éraflant une muraille suintante. Les clous de la porte vibraient
doucement. Thomas dégoupilla une bouteille d’eau de Lourdes en forme de vierge
Marie et l’envoya exploser contre la porte qui se mit à fumer.

— Cela me paraît la meilleure des recommandations. Vous avez le job. Nous verrons
avec Baldred pour les questions financières, mais nous veillerons à ce que votre salaire
soit à la hauteur du Haras de Glaymore. maintenant vous feriez mieux de partir.
Bridget regardait l’eau dégouliner sur la porte.

— Si la Mère MacBeal voyait ça vous auriez droit à un sacré savon, tout landlord que
vous êtes. Vous savez vous êtes très courageux de dormir ici, seul, avec tout ce qu’on
raconte. Je vous remercie, pour le hara, je ferai de mon mieux, mon père était lad
chez le Baron Elphinstone, il serait fou de joie, et si fier de moi s’il n’était pas mort cet
hiver. Elle but une rasade de whisky et se mit à pleurer.

Le lustre au-dessus d’eux se mit à grésiller tandis que leur haleine se
transformait en vapeur. La température chutait. Adossés à la baignoire, face à la
porte, ils se pelotonnèrent sous le plaid. La mitrailleuse entre eux.

— Vous êtes un drôle de type, on est bien ici. Je peux jouer avec vous ? Vous avez un
déguisement de femme de l’Ouest pour moi ? On attend quelque chose ?

— Il y a des fantômes dans la chambre...

— Woouaaahh, génial. Pourquoi je ne les entends pas ?

—Peut-être parce qu’ils sont ma malédiction particulière.

— Moi ma malédiction c’est de tomber sur des pénibles. Dès qu’il y en a en a un, il
est pour moi. Là, il font quelque chose ?

— Oui, ils hurlent. Et ils traînent des choses lourdes dans ma chambre

— Génial. Je n’entends rien du tout, je vais voir non ?

— Vous savez dans les films d’horreurs, ils se séparent toujours, je m’étais juré que
dans la même circonstance je ne serai pas aussi con, vous restez là.

— OK, OK. N’empêche que ça caille, vous me prêter votre bonnet de laton raveur ?
Oooooh, c’est trop scrounch ! Je vais juste allumer le radiateur juste à droite de la
porte, d’accord ?

— Bon mais si je vous dis de revenir vous revenez tout de suite, parce que la
mitrailleuse quand je tire, ça arrose.

— OK, je me lève. Il est fort ce whisky. On s’éclate vraiment avec vous : l’armure, le
lustre, maintenant les fantômes...
Elle arriva devant la porte, son regard brilla.

—Allez je regarde, juste un coup d’oeil.
Comme elle posait sa main sur la poignée et que Thomas ouvrait la bouche
pour hurler : “Noooon !” Trois coups furent frappés à la porte.
La fille sursauta en hurlant, recula en désordre et sauta dans la baignoire en
criant :

— J’ai entendu, c’est les fantômes, tirez dans le tas ! Feu, bordel de merde ! Feu !
Feu !!


AH ! INSTANT CRUEL ......
SUITE AU PROCHAIN ÉPISODE ........
DAVY

lordland_fin

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